Première publication, octobre 2006 (révisée août 2015)
Le physicalisme est une thèse que l’on peut résumer ainsi : tout ce qui est réel est, en un certain sens, réellement physique. Jaegwon Kim dans son dernier ouvrage (Physicalism or Something near Enough, 2005) décrit ainsi la thèse physicaliste :
Ce que contient le monde est saturé par la matière. Les choses matérielles sont toutes les choses qui existent ; il n’y a rien à l’intérieur du monde dans l’espace/temps qui ne soit pas matériel, et bien sur, il n’y a rien en dehors de lui, qui le soit. Le monde de l’espace/temps est le monde dans son entier, et les choses matérielles, les éléments de matière et les structures complexes qui le constitue, sont ses seuls habitants. (2005, p. 150)
Les états qualitatifs possèdent des propriétés phénoménales qui ne sont accessibles que de manière introspective. Eprouver une douleur est typiquement l’un de ces états. Les états intentionnels quant à eux, sont appelés depuis Russell, « attitudes propositionnelles ». Ils sont ainsi nommés parce qu’ils sont des attributions d’un certain contenu à une attitude, exprimée par un verbe l’énonçant, comme « croire », « vouloir », « espérer » etc.
La conclusion la plus remarquable peut-être dans le dernier livre de Kim, que David Chalmers dans son blog qualifie de position dualiste, est que Kim adhère à la thèse de l’épiphénomisme au sujet des qualia. C’est-à-dire, qu’il pense que les propriétés phénoménales de nos états mentaux sont causées par nos états cérébraux, mais que ces propriétés ne sont pas pertinentes dans la causation d’un événement physique. Selon Kim, pour que la propriété d’un état mental puisse être pertinente dans la causation d’un événement physique, elle doit être réductible à une propriété physique. Si un état mental est fonctionnalisable, selon Kim on peut le réduire. Les qualia ne sont pas fonctionnalisables. Ainsi le sens de l’expression « Near Enough » s’explique : le physicalisme serait probablement vrai pour les attitudes propositionnelles, parce que l’on pourrait y appliquer une réduction, mais serait faux pour les propriétés phénoménales. Kim conclut :
Ainsi les qualia ne sont pas fonctionnalisables et sont donc physiquement irréductibles. Les qualia par conséquent, forment le « résidu mental » qui ne peut être accommodé à l’intérieur du domaine physique. Cela signifie qu’un physicalisme global est intenable. (p. 170)
Le problème est qu’un « résidu mental », comme la sensation de douleur est un des exemples les plus utilisés montrant l’efficacité causale du mental.