Première publication, décembre 2006 (révisée août 2015)
Le réalisme causal affirme qu’il existe de véritables connexions causales dans le monde. Cette approche de la causalité s’oppose à la théorie de la causalité comme régularité.
La théorie régulariste, associée à David Hume, analyse la causalité en termes de séquences régulières. Selon cette théorie, un événement e1 en cause un autre e2 s’il est suivi par e1 et est tel que les événements du premier genre E1 sont régulièrement suivis par les événements du second genre E2.
Contraire à la théorie régulariste, la conception réaliste de la causalité est ancrée sur l’affirmation qu’il existe réellement dans le monde des relations causales. Autrement dit, la causalité est ici considérée comme faisant véritablement partie du monde[1]. Ce n’est donc pas une apparence, mais une relation réelle entre un événement « cause » et un événement « effet ». Etre réaliste au sujet de la causalité, consiste donc à affirmer qu’il existe quelque chose d’objectif se produisant dans la réalité extérieure, comme opposée à quelque chose de simplement subjectif, telle une structure de nos pensées ou nos seules perceptions. La relation causale n’est plus alors seulement logée dans la psychologie humaine[2] ou dans la compréhension[3], ou encore dans le langage descriptif d’une explication[4], mais se révèle être une structure du monde en dehors de nos concepts.
Ainsi, ce qui explique un événement ou un phénomène peut être identifié comme sa cause.
Un point de vue métaphysique au sujet de la causalité utilisera les catégories d’objets et de propriétés pour parler des événements. Ainsi, un événement pourra être défini, comme instanciant certaines propriétés d’un objet à un moment donné.
Une façon de concevoir les événements peut donc consister à les considérer comme étant composés d’un grand nombre d’instances de propriétés. Ainsi, une phrase comme, « la pierre lancée par Stephen a brisé la vitre » peut être vraie en raison de certaines propriétés constitutives de l’événement. Parmi celles-ci, la propriété d’être une certaine masse pour la pierre, mais aussi certaines propriétés liées à la force du lancer, etc. Par contre, certaines propriétés, comme par exemple, que l’événement se soit produit à tel moment d’une certaine journée, ne sera pas pris en compte dans l’explication qui consiste ici, à identifier la cause de la vitre brisée. Ainsi, l’explication d’un effet ne consiste pas seulement à se demander quel événement en est la cause, mais à identifier les propriétés responsables de l’effet.
Références
[1] Il existe un certain nombre de tentatives de construction réaliste de la causalité. Par exemple, pour une conception basée sur les événements et le transfert d’une grandeur conservée, voir Max Kistler, Causalité et lois de nature, Vrin, 1999.
[2] D. Hume, Treatrise of Human Nature, 1739, Oxford University Press, 2001, trad. française P. Baranger et P. Saltel, Paris, Garnier Flammarion, 1995.
[3] E. Kant, Critique de la Raison pure, 1788, trad. française, A. Renaut, Aubier, 1997.
[4] C. Hempel. et P. Oppenheim, « Studies in the Logic of Explanation », Philosophy of Sciences 15, p. 135-175, 1948.